Sûr qu'il va nous lâcher un jour. On tremble à chaque fois qu'on le rafistole. Il a connu l'Occupation, Mai 68, Libé 1. C'est dire. Même dans un vide-grenier, personne ne voudrait d'un fossile pareil. Et pourtant il tourne, enluminant notre tambouille de quelques pincées magiques et moulues du magnifique poivre de Sarawak de la maison Thiercelin (Paris IIIe). On le convoque sur un ragoût, une salade de tomate, une hampe poêlée, une tranche de morbier. Le tour de moulin à poivre en cuisine, c'est comme l'ultime coup de lime de l'ajusteur. Un rite, une révérence. J.D.